Mais quelle image pour le foot belge !

Duchatelet quittant le stade avant la fin de la rencontre entre le Standard et Zulte Waregem, comme un remake de ce capitaine italien abandonnant le Costa Concordia. Le soi-disant meilleur public de Belgique ne s’est pas montré sous son plus meilleur jour, au contraire, tout comme les Standarmen d’ailleurs. Retour sur une image inacceptable dans le football, si on peut encore appeler ça du football.

10743439_10205201124167427_395537573_n

Le patient anglais

Envahissement de tribune officielle, jets de sièges, interruption du match, altercations supporters-joueurs, voilà ce qu’a offert la famille des Rouches lors de la rencontre du Standard face à la lanterne rouge Zulte Waregem. J’exagère, il ne faut pas mettre l’ensemble des supporters liégeois dans le même panier, certains se sont très bien comportés. Malheureusement, grâce à cette poignée d’enragés, c’est l’ensemble du club qui est pénalisé, du petit supporter de 8 ans qui va au stade en famille aux (futurs) investisseurs et partenaires qui ne voudront pas être associés à une telle image.

Les Anglais l’ont très bien compris, une personne joyeuse dépense plus qu’une personne malheureuse. Au revoir les hooligans, bonjour les familles nombreuses ! Le raisonnement est simpliste, mais à bien y réfléchir, la plupart des supporters seront plus enclins à dépenser de l’argent dans une bonne ambiance, entouré d’amis et d’enfants. Et puis, il est assez difficile d’envahir et de se battre tout en se rendant à la buvette ou à la boutique du club.

Plus sérieusement, qu’est-ce que ces pseudo supporters ont à gagner en agissant de la sorte ? La probable démission de l’entraîneur, sans doute, mais à quel prix. Le match n’ayant pas été à son terme, il sera considéré comme un abandon, soit un 0-5. De plus, la fédération va sanctionner le club liégeois financièrement et les joueurs, notamment Geoffrey Mujangi Bia, seront bien moins enclins à s’arrêter pour faire une photo ou un signer un autographe.

Soyez imaginatifs !

Que faire face à une équipe qui n’avance plus, un entraîneur qui cherche chez l’arbitre les causes de son naufrage et une direction toujours aux antipodes des supporters. Il faut comprendre pourquoi il y a un ras-le-bol dans les rangs des Ultras qui ont plus que raison de faire entendre leur voix. Doit-on être idiot quand on est passionné, je ne pense pas, mais il ne faut pas remettre entièrement la faute sur les supporters.

Enfin, certains capitaines devraient imposer lors d’une défaite honteuse d’oser faire face aux supporters et de s’excuser du piètre spectacle proposé comme l’a déjà fait Francesco Totti avec la Roma. Au président d’imposer sa stratégie et non pas de quitter un stade qui coule. À l’entraîneur de prendre ses responsabilités et de communiquer clairement sur son projet de jeu. Tant de choses qui font défaut cette saison du côté de Sclessin.

Supporters mécontents, nous le sommes également face aux résultats calamiteux du Standard. Soyons irréprochables, s’il vous plaît, méritons ce titre de meilleur public du Royaume et soyons imaginatifs et percutants dans notre contestation.

Jerem Zab

Edito : La mode du poussin noir à Sclessin

Aujourd’hui, je viens vous parler d’un phénomène qui m’agace ; un virus qui touche le bord de Meuse et ses alentours et qui sévit depuis plusieurs semaines.

Cette semaine, mon édito aura un petit accent animalier. Je suis venu vous parler de poussins. De petits poussins noirs, pour être précis. Quel rapport avec le sport, me direz-vous ? Vous allez très vite comprendre où je veux en venir…

Ces petits poussins noirs, ils ne parlent pas beaucoup. En fait, ils ne savent dire qu’une phrase : « C’est trop injuste ! »

Je pense que vous voyez tous où je veux en venir. Je vous parle bien évidemment du célèbre Calimero. Mais attention, il n’est pas question ici de n’importe quel (s) Calimero(s) ; ce sont les Calimeros liégeois. Ceux du Standard de Liège.

 Sans titre

Avant de poursuivre mon article, je tiens à préciser que je suis moi-même un grand supporter du Standard. Mais je suis peut-être l’un des seuls qui soient vraiment objectifs. Il est temps, je pense, de se poser les bonnes questions.

Ce phénomène ne date pas d’hier, bien évidemment, et ne sévit pas qu’aux abords de Sclessin. Mais j’ai constaté, comme beaucoup d’entre vous, j’imagine, une augmentation et une propagation de cette manie depuis quelques mois.

Cela a commencé aux alentours du 30 mars 2014, lorsque les Play-Off de la Jupiler Pro League ont débuté. À cette période et presque pendant 10 matchs, on a pu voir apparaitre un énorme sentiment de frustration du staff et de l’équipe liégeoise à l’égard du corps arbitral. On peut même parler de vol, puisque l’entraîneur du Standard déclarera que « Le titre a échappé au Standard à cause de l’arbitrage ».

Cette saison, c’est la même rengaine : pour expliquer certains mauvais résultats, on tape sur l’arbitre, encore et toujours. Il suffit de suivre les déclarations des dirigeants du Standard dans la presse ces dernières semaines, notamment lors du match face à Feyenoord en Europa League. Là, Roland Duchatelêt avait même entamé une procédure pour rejouer ce match à cause de deux buts non valables des Néerlandais, avant de finalement retirer sa plainte. Pour le coup, c’est une demande qui en a fait rire plus d’un. C’est sûr que si l’on devait porter plainte et rejouer des matchs à chaque fois qu’une équipe est flouée par l’arbitre, à ce compte-là, moi je téléphone à Marc Wilmots et à tous nos anciens Diables Rouges de la Coupe du Monde 2002 pour rejouer ce foutu huitième de finale face au Brésil. Pourquoi pas après tout ?!

Puisque cet édito me permet d’exprimer un coup de gueule, je vais poser deux questions à nos amis liégeois :

  • Les mauvais résultats, même face à Bruges ou à Feyenoord, ne sont-ils pas dus à une absence criante de fond de jeu ?

Même à 10 contre 11, le Standard semblait plus fort que Bruges. Mais trop peu dangereux et incisif. Comme trop souvent cette saison, le jeu des Liégeois a manqué de créativité, d’animation, de vitesse. La faute à qui, à quoi ? Le départ des joueurs-cadres comme Ezekiel ou Batshuayi peut en partie expliquer ces carences. L’absence d’un patron dans le milieu comme William Vainqueur ? C’est une autre possibilité. Trop d’arrivées font peut-être que tous les joueurs n’ont pas encore d’automatismes, puisque le 11 de base de Guy Luzon cette saison est rarement le même d’une semaine à l’autre. Ou est-ce peut-être le système en 4-4-2 de l’Israélien qui fait défaut ?

Enfin, la défense, point fort supposé du Standard la saison dernière, n’est plus que l’ombre d’elle-même cette année (21 buts encaissés en 10 matchs). Autant de problèmes qui expliquent sans doute la déroute actuelle de l’équipe et le malaise y qui règne.

  • Quelle image renvoie le club à travers toutes ses déclarations ?

Celle d’un club contestataire que les joueurs, le staff et l’entraîneur cultivent chaque semaine. Chaque arbitre sait maintenant que s’il arbitre un match du Standard, il devra faire face à des critiques, des contestations et de l’énervement. Il ne faudra donc pas s’étonner de voir s’abattre une pluie de cartons pour contestations.

Un manque de professionnalisme, peut-être, car lorsque l’on entend certains joueurs dire qu’ils ont hésité à remonter sur le terrain à Bruges, on peut s’interroger sur la crédibilité et la maturité de ce genre de propos.

Se sentir floué par certaines décisions arbitrales peut, à répétition, conduire à une certaine forme d’énervement. C’est assez compréhensible. Mais se plaindre chaque semaine à qui veut l’entendre que le match a échappé au Standard à cause de l’homme en noir n’est pas réaliste et professionnel.

Pour conclure cet édito, je conseillerais plutôt à Guy Luzon et à tout son staff de se pencher davantage sur les problèmes de fond de jeu de son équipe que sur les décisions arbitrales, passées ou futures, qui ont été prises ou qui le seront. Si le Standard va mal, si les supporters grognent et que les résultats ne suivent pas, c’est avant tout à cause d’un problème de jeu, de tactique et de remise en question. L’ambiance est-elle vraiment bonne au sein du groupe ? Tous les renforts ont-ils le niveau pour notre championnat ? La tactique mise en place est-elle toujours efficace ? Autant de problèmes qu’il faudra résoudre pour reconquérir le cœur des supporters et la place que le Standard devrait normalement occuper, c’est-à-dire le haut du classement.

À l’heure où j’écris ses lignes, le Standard a déclaré dans la presse « vouloir faire confiance à l’ensemble du corps arbitral ». Il était presque temps. Il faudra maintenant aller chercher les résultats. Car en football, vous le savez aussi bien que moi, la seule vérité, c’est celle du terrain.

Julien Mottard