Jupiler Pro League : qui sont les grands gagnants du mercato d’hiver ?

Le mercato d’hiver a fermé ses portes la semaine dernière. Les équipes belges sont maintenant parées pour les six derniers matches de la phase régulière et pour les play-offs. L’occasion pour nous de revenir sur les bons (et moins bons) coups réalisés par nos clubs. 

Genk au four et au moulin

Honneur au leader du championnat : Genk. Pour eux, c’était un peu le mercato de tous les dangers. Les Limbourgeois ont pris 51 points sur 66 en 2018 et ont été impressionnants en Europa League. Ils devaient s’attendre à recevoir beaucoup d’offres et ce fut le cas. La plus grosse alerte est venue d’Arabie Saoudite. Al-Ahli était prêt à faire sauter la clause libératoire de 8 millions d’euros de Pozuelo. Et, surtout, le club saoudien lui proposait un contrat en or massif. Pendant plusieurs jours, les supporters de Genk ont eu très peur pour leur meneur de jeu. Mais Pozuelo a finalement décidé de finir la saison dans le Limbourg.

Pozuelo, c’était le dossier le plus chaud, mais les dirigeants du Racing ont dû refuser plein d’autres offres. L’AS Rome, notamment, voulait Malinosvkiy, mais elle devra revenir à la charge l’été prochain. Il y a eu aussi pas mal d’intérêt pour les autres stars que sont Trossard, Berge et Samatta. Genk a même dû garder son sang froid pour conserver des joueurs un peu moins cotés mais tout aussi importants, avec notamment une offre de Galatasaray pour Ndongala et un forcing de Southampton dans les derniers jours du mercato pour Maehle. Les Saints proposaient 11 millions d’euros pour le défenseur danois, mais Genk a refusé.

Stade de Genk

La Luminus Arena de Genk, cible de toutes les convoitises

Genk a fait preuve d’une énorme force de persuasion pour parvenir à garder tous ses cadres. C’est vraiment du bon boulot. Au final, ils se sont même renforcés.  Le Racing a prêté deux joueurs qui n’avaient plus voix au chapitre : Seck à Zulte-Waregem et Nastic à Ostende. Et dans le sens des arrivées, le Racing a réussi à doubler ses deux backs, avec les transferts de Casper De Norre et de Neto Borges, deux jeunes prometteurs. Une autre arrivée, c’est celle de Marius Konkkola : un Finlandais de … 15 ans ! N’est-ce pas interdit de transférer des étrangers avant 16 ans ? Et bien, oui, totalement. Mais théoriquement, Konkkola ne débarquera en Belgique qu’en 2020. Problème, il aurait déjà joué des matches amicaux avec des équipes de jeunes Genk et une enquête a été ouverte à ce sujet. C’est la seule ombre au tableau pour les Limbourgeois cet hiver.

Deux poursuivants quasi inactifs

Genk a donc passé un mercato très animé, mais ce n’est pas le cas de ses deux poursuivants. Bruges et l’Antwerp se sont montrés très discrets sur le marché des transferts. La seule transaction importante des deux clubs les concerne tous les deux en fait. Lior Refaelov, prêté par le Club aux Anversois en première partie de saison, a définitivement quitté les Blauw en Zwart cet hiver. Le joueur israélien a signé un contrat de 2,5 ans en faveur des Anversois. Avec déjà 7 buts et 2 assists cette saison, c’est bien évidemment une belle acquisition pour l’équipe de Bölöni.

31 janvier : le rush rouche

Le Standard, lui aussi, a fait peu de bruit lors du mercato … jusqu’au 31 janvier. Avant le dernier jour du mercato, les seuls transferts à signaler étaient l’arrivée de Nicolas Raskin et les départs de Carlinhos au Brésil et Luchkevych en Ukraine. Le calme plat à Sclessin donc, jusqu’à jeudi ! Tout s’est emballé avec le départ inattendu de Christian Luiyndama à Galatasaray, actuellement deuxième du championnat turc. Michel Preud’homme a expliqué qu’il y avait des offres que les clubs belges ne pouvaient pas refuser, ajoutant qu’il était primordial de veiller à l’équilibre financier pour faire tourner la machine. Le Standard touchera entre 8 et 9 millions d’euros dans l’opération, mais ce tte justification ne convainc pas tout le monde. Certains supporters ont lancé de vives critiques à l’égard de la direction. Pour eux, on ne peut pas se séparer d’un de ses piliers à moins de deux mois des play-offs. D’autres ont confiance en Venanzi et Preud’homme. Ils ont tenu à rappeler que Luiyndama n’était pas irréprochable et qu’il aurait été inconscient de refuser un tel montant quand on sait que les Rouches n’ont dépensé que 170.000 euros pour l’acheter il y a deux ans. En attendant, les solutions de rechange se nomment Laifis, Kosanovic et Bokadi.

La déception liée au départ de Luiyndama a tout de même été atténuée par une arrivée. Les Liégeois ont réussi à obtenir le prêt d’Alen Halilovic. Il n’a que 22 ans mais le Standard est déjà son septième club. Il y a quelques années, il était considéré comme une future star mondiale. Il a fait ses débuts en équipe première du Dinamo Zagreb à seulement 16 ans. Après deux saisons en D1 Croate, Halilovic a été acheté par le Barça, à 18 ans. Mais il n’y a finalement joué que … 26 minutes. Les Blaugrana l’ont ensuite prêté à Gijon, où il a effectué une saison plutôt intéressante en Liga. Ça a poussé Hambourg à l’acheter pour 5 millions d’euros en 2016. Mais il ne s’est pas acclimaté au football allemand, d’autant plus que son équipe se prenait dégelée sur dégelée. Il est alors retourné en Espagne pour un prêt d’un an et demi à Las Palmas. Il y a reçu pas mal de temps de jeu, il jouait surtout sur le flanc droit. Mais il n’a pas pu faire mieux que 2 buts et 2 assists dans une équipe qui a été reléguée en fin de saison passée. Malgré tout, Halilovic a obtenu un très joli transfert à l’AC Milan l’été dernier. Mais la marche semblait beaucoup trop haute pour lui, puisqu’il n’a joué que 60 minutes cette saison, dont 55 contre Dudelange… A maintenant 22 ans, le joueur croate aura 18 mois pour convaincre les dirigeants du Standard de lever l’option d’achat de 2 millions d’euros qu’ils ont réussi à négocier.

Anderlecht, la qualité plutôt que la quantité ? 

Le 31 janvier nous a décidément réservé pas mal de surprises puisqu’un autre grand nom a débarqué en Belgique : Yannick Bolasie à Anderlecht. L’international congolais est prêté six mois aux Mauves, sans option d’achat. Bolasie, c’est évidemment un grand nom, en tout cas par rapport au championnat belge. Certains se sont empressés de le mettre dans la même catégorie que Djuricic, Marin et Markovic, mais théoriquement, il est une catégorie au-dessus. Everton l’a acheté 29 millions d’euros il y a deux ans et demi. Markovic avait coûté 25 millions à Liverpool, mais c’était 4 ans avant d’arriver à Anderlecht. Marin et Djuricic, eux, n’avaient jamais été coûté plus de 9 millions. De plus, contrairement à eux, Bolasie ne sort pas de plusieurs années sans temps de jeu. Il a joué toute la première partie de saison avec Aston Villa en Championship, une compétition qui n’a rien à envier à la Jupiler Pro League. Le seul point commun qu’on peut voir entre Bolasie et ces autres joueurs, c’est qu’il veut profiter d’Anderlecht pour se relancer. Il a été victime d’une rupture des ligaments croisés du genou en décembre 2016 et a été écarté des terrains pendant un an. Depuis, il rejoue régulièrement, donc Anderlecht ne doit pas trop s’inquiéter. Par contre, il n’a pas encore retrouvé son niveau d’il y a quelques années. Mais pour prester en Belgique, on ne lui en demande pas tant. Son but, il l’avoue clairement, c’est d’atteindre un bon rendement pour la Coupe d’Afrique de l’été prochain.

L’arrivée de Bolasie a évidemment fait beaucoup de bruit, mais ce n’est pas la seule acquisition d’Anderlecht cet hiver. Le Sporting a procédé à des transferts ciblés. Ils voulaient un défenseur d’expérience, ils ont fait revenir Kara. Ils voulaient un médian offensif, ils ont acheté Peter Zulj. Ils voulaient un numéro 9, ils ont obtenu … Bolasie. Là, ça coince. Mais la direction a expliqué que le plan de jeu de Fred Rutten, avec un seul attaquant de pointe, ne nécessitait pas d’attirer un avant supplémentaire. Anderlecht terminera donc la saison avec Dimata, Santini et le jeune Doku. C’est une argumentation qui peut se comprendre, mais ça contredit un peu les déclarations de Michael Verschueren. Il avait martelé pendant tout le mercato qu’il cherchait un nouvel attaquant. Côté départ, ça n’a pas été la grande lessive attendue. Musona est parti à Lokeren, Dauda à Vitesse et Morioka à Charleroi.

L’étrange manège carolo

Charleroi, justement, a pris Morioka pour palier le départ de Benavente.  Avec Luyindama, c’est évidemment la plus grosse perte du championnat belge lors de ce mercato. L’international péruvien a été vendu pour 6 millions d’euros au Pyramids FC, un club égyptien. L’annonce a rendu les supporters carolos furieux. Ils ont l’impression que les saisons ne cessent de se répéter et voient ce transfert comme un manque d’ambition. Le Sporting a aussi profité du mercato pour dégraisser son effectif : N’Ganga, Grange, Saglik, Dervite et Noorafkan ont été priés d’aller voir ailleurs. Un drôle de mercato pour une équipe qui vise le top 6.

Gand qui rit, Saint-Trond qui pleure

Et en parlant de top 6, on termine cette chronique avec les deux derniers prétendants : Saint-Trond et La Gantoise.  Avec des fortunes diverses pour ces deux clubs. La Gantoise, pour moi, est l’équipe a qui a réussi le plus joli mercato. Elle a dégraissé don effectif en prêtant des joueurs excédentaires comme Andrijasevic et Koita. Elle a aussi perdu Kalinic, ce qui semblait plus problématique, mais elle l’a remplacé par Kaminski. Et l’ancien gardien de Courtrai s’est déjà montré décisif, en Coupe notamment. Les Buffalos ont aussi accueilli un attaquant très intéressant avec Alexander Sorloth. Sans oublier Roman Bezus, qu’ils ont acheté à Saint-Trond, un concurrent direct. Les Canaris ont donc perdu deux de leurs meilleurs joueurs, puisque, on l’a dit, De Norre est parti à Genk. Et ils n’ont pas vraiment réussi à les remplacer. Après avoir perdu Bezus, ils ont tenté d’attirer Geoffry Hairemans à tout prix, mais l’Antwerp s’est montré très dur dans les négociations. Les Canaris ont dû se rabattre sur Rai Vloet, un joueur libre arrivé après la date limite. Pas sûr que ça vale Bezus. Saint-Trond va donc souffrir d’un gros manque de créativité pour finir la saison. Mais s’ils se qualifient pour les play-offs 1, ça n’en rendra l’exploit que plus grand.

Olivier Daelen