Edito : La mode du poussin noir à Sclessin

Aujourd’hui, je viens vous parler d’un phénomène qui m’agace ; un virus qui touche le bord de Meuse et ses alentours et qui sévit depuis plusieurs semaines.

Cette semaine, mon édito aura un petit accent animalier. Je suis venu vous parler de poussins. De petits poussins noirs, pour être précis. Quel rapport avec le sport, me direz-vous ? Vous allez très vite comprendre où je veux en venir…

Ces petits poussins noirs, ils ne parlent pas beaucoup. En fait, ils ne savent dire qu’une phrase : « C’est trop injuste ! »

Je pense que vous voyez tous où je veux en venir. Je vous parle bien évidemment du célèbre Calimero. Mais attention, il n’est pas question ici de n’importe quel (s) Calimero(s) ; ce sont les Calimeros liégeois. Ceux du Standard de Liège.

 Sans titre

Avant de poursuivre mon article, je tiens à préciser que je suis moi-même un grand supporter du Standard. Mais je suis peut-être l’un des seuls qui soient vraiment objectifs. Il est temps, je pense, de se poser les bonnes questions.

Ce phénomène ne date pas d’hier, bien évidemment, et ne sévit pas qu’aux abords de Sclessin. Mais j’ai constaté, comme beaucoup d’entre vous, j’imagine, une augmentation et une propagation de cette manie depuis quelques mois.

Cela a commencé aux alentours du 30 mars 2014, lorsque les Play-Off de la Jupiler Pro League ont débuté. À cette période et presque pendant 10 matchs, on a pu voir apparaitre un énorme sentiment de frustration du staff et de l’équipe liégeoise à l’égard du corps arbitral. On peut même parler de vol, puisque l’entraîneur du Standard déclarera que « Le titre a échappé au Standard à cause de l’arbitrage ».

Cette saison, c’est la même rengaine : pour expliquer certains mauvais résultats, on tape sur l’arbitre, encore et toujours. Il suffit de suivre les déclarations des dirigeants du Standard dans la presse ces dernières semaines, notamment lors du match face à Feyenoord en Europa League. Là, Roland Duchatelêt avait même entamé une procédure pour rejouer ce match à cause de deux buts non valables des Néerlandais, avant de finalement retirer sa plainte. Pour le coup, c’est une demande qui en a fait rire plus d’un. C’est sûr que si l’on devait porter plainte et rejouer des matchs à chaque fois qu’une équipe est flouée par l’arbitre, à ce compte-là, moi je téléphone à Marc Wilmots et à tous nos anciens Diables Rouges de la Coupe du Monde 2002 pour rejouer ce foutu huitième de finale face au Brésil. Pourquoi pas après tout ?!

Puisque cet édito me permet d’exprimer un coup de gueule, je vais poser deux questions à nos amis liégeois :

  • Les mauvais résultats, même face à Bruges ou à Feyenoord, ne sont-ils pas dus à une absence criante de fond de jeu ?

Même à 10 contre 11, le Standard semblait plus fort que Bruges. Mais trop peu dangereux et incisif. Comme trop souvent cette saison, le jeu des Liégeois a manqué de créativité, d’animation, de vitesse. La faute à qui, à quoi ? Le départ des joueurs-cadres comme Ezekiel ou Batshuayi peut en partie expliquer ces carences. L’absence d’un patron dans le milieu comme William Vainqueur ? C’est une autre possibilité. Trop d’arrivées font peut-être que tous les joueurs n’ont pas encore d’automatismes, puisque le 11 de base de Guy Luzon cette saison est rarement le même d’une semaine à l’autre. Ou est-ce peut-être le système en 4-4-2 de l’Israélien qui fait défaut ?

Enfin, la défense, point fort supposé du Standard la saison dernière, n’est plus que l’ombre d’elle-même cette année (21 buts encaissés en 10 matchs). Autant de problèmes qui expliquent sans doute la déroute actuelle de l’équipe et le malaise y qui règne.

  • Quelle image renvoie le club à travers toutes ses déclarations ?

Celle d’un club contestataire que les joueurs, le staff et l’entraîneur cultivent chaque semaine. Chaque arbitre sait maintenant que s’il arbitre un match du Standard, il devra faire face à des critiques, des contestations et de l’énervement. Il ne faudra donc pas s’étonner de voir s’abattre une pluie de cartons pour contestations.

Un manque de professionnalisme, peut-être, car lorsque l’on entend certains joueurs dire qu’ils ont hésité à remonter sur le terrain à Bruges, on peut s’interroger sur la crédibilité et la maturité de ce genre de propos.

Se sentir floué par certaines décisions arbitrales peut, à répétition, conduire à une certaine forme d’énervement. C’est assez compréhensible. Mais se plaindre chaque semaine à qui veut l’entendre que le match a échappé au Standard à cause de l’homme en noir n’est pas réaliste et professionnel.

Pour conclure cet édito, je conseillerais plutôt à Guy Luzon et à tout son staff de se pencher davantage sur les problèmes de fond de jeu de son équipe que sur les décisions arbitrales, passées ou futures, qui ont été prises ou qui le seront. Si le Standard va mal, si les supporters grognent et que les résultats ne suivent pas, c’est avant tout à cause d’un problème de jeu, de tactique et de remise en question. L’ambiance est-elle vraiment bonne au sein du groupe ? Tous les renforts ont-ils le niveau pour notre championnat ? La tactique mise en place est-elle toujours efficace ? Autant de problèmes qu’il faudra résoudre pour reconquérir le cœur des supporters et la place que le Standard devrait normalement occuper, c’est-à-dire le haut du classement.

À l’heure où j’écris ses lignes, le Standard a déclaré dans la presse « vouloir faire confiance à l’ensemble du corps arbitral ». Il était presque temps. Il faudra maintenant aller chercher les résultats. Car en football, vous le savez aussi bien que moi, la seule vérité, c’est celle du terrain.

Julien Mottard

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