Ça roule des mécaniques françaises à Spa

Ce week-end, le circuit de Spa-Francorchamps a accueilli sur son tarmac le célèbre losange automobile sous toutes ses formes. Les World Series By Renault ont pris place dans le décor des conifères et sous l’incertitude nuageuse, typiques à la région. Retour sur ces deux journées.

Que sont les World Series By Renault ?

Pour beaucoup, c’est l’événement familial par excellence !
Certains y trouvent la bonne occasion de se mettre une petite mine de manière virile, T-shirt Lotus sur le coeur et casquette RedBull sur la tête. Pour d’autres, c’est le meilleur moyen de faire vibrer les tympans sous les décibels effrénés de Dj Crazy Sir-G, c’est du lourd! Sans parler des chorés complexes des demoiselles en mini-jupes qui feraient tomber Kamel Ouali de sa chaise. De quoi attirer Messieurs en nombre et pousser Mesdames à se dandiner pour montrer qu’elles peuvent mieux faire.

Animations dans le Village WSR

Animations dans le Village WSR

Mais on ne va pas se mentir, ce côté familial permet aux passionnés d’approcher de plus près le sport automobile, de voir des moteurs, des mécaniciens à l’œuvre, d’assister à des démonstrations. Et pourquoi pas, de s’y essayer grâce à divers stands proposant des simulateurs, mais également des mises en scènes en paddock, permettant d’apprendre à fixer une roue au pistolet.

Passons ces détails ! Plus sérieusement, les World Series, c’est également des compétitions importantes dans le sport automobile. Créée en 2005, c’est une tournée majoritairement européenne, qui accueille quatre compétitions : l’Eurocup Clio, la Renault Sport Trophy, l’Eurocup Formula Renault 2.0 et la plus importante, la Formula Renault 3.5 Series. Ce qui est intéressant dans ces championnats (aux noms à rallonge), c’est qu’ils mettent chacuns en avant des courses différentes, avec des voitures différentes.

Le jeune pilote est venu à Spa, pour y faire quelques démos au volant d'une Red Bull.

Le jeune pilote F1, Max Verstappen, est venu à Spa, pour y faire quelques démos au volant d’une Red Bull.

En quoi est-ce la Formule Renault 3.5 est plus importante ?

C’est ce qu’on appeler une antichambre de la Formule 1: les pilotes roulent en monoplace, avec des performances se situant au niveau du GP2. L’organisation de la course est donc similaire à celle de la F1, évidemment en plus light. En 3.5, les pilotes disputent deux qualifications résultant sur deux courses de 40 minutes plus un tour. Le vainqueur du championnat remporte un test en monoplace Red Bull, ce qui peut être un vrai tournant pour la carrière d’un pilote. En effet, un des chemins classiques d’un jeune arrivant en F1, consiste à passer par la case de l’écurie Toro Rosso. Et si tout se passe bien, de continuer chez Red Bull. Deux écuries à moteur Renault donc.
Dernier exemple en date : Carlos Sainz est arrivé cette saison en F1 tout droit de la 3.5, qu’il a remportée la saison dernière. Ce qui est vraiment intéressant dans ces « compétitions antichambre » c’est que les pilotes sont jeunes, pleins de punch, et ont une vraie rage de vaincre. Comme les courses sont courtes, ils n’ont pas peur de foncer, ni d’abîmer la voiture. C’est la manière dont ces paramètres sont gérés qui va mettre en avant un pilote plus qu’un autre.

Les trois autres compétitions sont moins décisives alors?

Non, pas tout à fait. La 3.5 est beaucoup plus célèbre car elle est vraiment vendue et perçue comme un tremplin pour la F1. C’est une idée reçue, parce que beaucoup conçoivent le sport automobile en « escalier ». Ce n’est pas totalement faux, mais ce n’est pas le principe fondamental non plus.
La 2.0 révèle aussi des talents. Et parfois, il ne faut pas forcément gagner le championnat. Je pense à Daniil Kvyat par exemple, qui ne l’a jamais remporté. Mais sa régularité à la 2e ou 3e place du championnat sur plusieurs saisons, lui a valu une entrée en GP3 qui l’a consacré champion. Ce qui lui a ouvert les portes de la F1. D’autres noms plutôt célèbres sont également passés par là, comme Stoffel Vandoorne ou Valtteri Bottas.
Quant à la Renault Sport Trophy, elle est une ouverture pour des compétitions d’endurance (WEC) ou les championnats de voiture de tourisme (DTM).
Il reste la ClioCup, à peine arrivée en 2011, qui est en plein développement. Il faut lui laisser quelques saisons encore pour, pourquoi pas, en parler un jour comme un tremplin vers une autre compétition.

Compétition de Renault Sport Trophy

Compétition de Renault Sport Trophy

Trois choses à retenir de ce week-end.

Plutôt que de vous servir un classement indigeste des compétitions, je préfère vous livrer ce que j’ai retenu personnellement.
A commencer par un nom : Jazeman Jaafar, pilote de 3.5. Je pense qu’on peut le garder dans un coin au chaud. Il s’agit un pilote prometteur, il fait des courses propres, et c’est un véritable boulet de canon. Dernière course, il a démarré en 20e position pour atteindre la 7e en moins de 5 tours.

Ensuite, Roberto Merhi, qui je le rappelle est pilote F1 chez Manor et qui n’a terminé aucune course du week-end.
Enfin, je retiens le succès de l’événement. Chaque année il y a de plus en plus de monde, et la pluie n’arrête pas le public. Avoir autant de personnes présentes à ce type d’événements, ne peut être que bénéfique, à l’heure où le succès des sports automobiles s’essouffle de plus en plus.

Angélique Belokopytov